Lande arbustive de vire à Buis, Genévrier nain,
Sabine et Raisin d’ours, Chironne
Parmi la grande diversité de milieux naturels dans le Diois, les milieux rupestres occupent une place privilégiée. La géomorphologie locale offre des sites remarquables : gorges des Gats, aiguilles de Borne et de Lus-la-croix-haute, vallon de Combeau, falaises de la vallée de Quint. Ils participent, comme la Clairette ou le Noyer, à l’identité locale et à sa notoriété.
Les milieux rupestres (vient de rupes, rocher en latin) sont définis comme l’ensemble des biotopes dont la substrat rocheux est affleurant : falaise, dalle, éboulis. Ces sols conditionnent l’absence de strate arborée. La définition des milieux rupestres n’est pas aisée, car elle est caractérisée par sa minéralité, contrairement à la plupart des autres milieux naturels qui ont une correspondance phyto-sociologique nette. Ces milieux restent mal étudiés en raison même de leur inaccessibilité.
La roche domine, sous forme de paroi, d’éboulis ou de dalle rocheuse ; elle est fissurée verticalement ou obliquement, formant des failles, des décollements et des vires plus ou moins végétalisés. La flore est souvent très localisée et très éparse. Les zones de végétation varient en mosaïque suivant l’exposition et la pente. On trouve ici des éléments du supra-méditérannéen au montagnard. La flore est constituée principalement d’espèces orophytes et hémi-orophytes (de oros, pierre en grec). Parmi elles, les espèces subalpines comme la Gentiane champêtre et l’Androsace helvétique se croisent avec les méditerranéennes comme la Germandrée petit-chêne et le Serpolet.
Joubarbe des montagnes
A cause des conditions édaphiques et climatiques (grands écarts de température, exposition élevée, fort vent), la flore herbacée développe souvent un port en coussinets ou rosettes, à feuilles coriaces ou succulentes, à tiges florifères peu ou pas feuillées. Certaines créent leur propre humus, les plantes succulentes comme les Orpins et les Joubarbes stockent leurs réserves. Les ligneux sont buissonnants comme le Buis ou L’Amélanchier, rampants comme le Genévrier nain et le Raisin d’ours.
Certaines stations peuvent être considérées comme primaires (peuplements de Juniperus thurifera, lande de vire). Dans les endroits les plus escarpés et les plus caillouteux, on peut ainsi observer un para-climax édaphique, dû aux conditions stationnelles. Le climax se définit comme un équilibre entre un groupement végétal, la roche et le climat.
L’intérêt écologique des milieux rupestres tient à la fois de leur situation biogéographique d’une part, et de l’endémisme de certaines espèces d’autre part. L’intérêt biogéographique des espèces des milieux rupestres du diois vient de la rencontre entre les espèces méditerranéennes et montagnardes voire subalpines en limite de leur aire de distribution. En outre, l’intérêt spécifique de ces milieux est la spéciation de certaines espèces ayant subies des modifications dues à leur isolement. Ce sont aussi des espèces relictuelles, comme le Genévrier thurifère, qui subsistent.
Les associations végétales, denses et très localisées, ont une richesse spécifique élevée sur quelques m². Le nombre d’espèces est relativement faible, mais l’endémisme fort de la flore rupicole indique qu’un faible nombre d’espèces arrivent à survivre dans ces conditions. Leur endémisme fait qu’elles sont par définition d’une importance majeure en matière de la biologie de la conservation.